mardi 4 mai 2010

26) FIN DU RALLYE - DEPART POUR TRINIDAD

Nous partons d'Afua le 19 avril à 6h du matin pour profiter de la marée descendante, toujours escorté par le San Juan qui nous accompagnera jusqu'à la sortie du furo. Les adieux sont plus qu'émouvants. Les organisateurs, les bombéros, les policiers et le personnel du San Juan sont sur le toit pour nous saluer.
Nous arrivons devant l'île de Mexiana vers 13h car nous avons bénéficier d'un courant portant de 3 à 4 noeuds. Nous faisons des pointes à 11.3 noeuds, ça file! Douze bateaux resterons au mouillage de l'île Mexiana et les dix autres dont Maupiti continueront vers Kourou ou Trinidad car finalement le courant contre à marée montante n'est pas trop fort.
Nous profitons une dernière fois des couleurs magnifiques et assistons au spectacle du mélange des eaux de l'Amazone et de la mer, avec des formations de tourbillons.
La sortie de l'Amazone est plus longue que ce que nous pensions. Nous passons les bancs de sable avec les hauts fond avec succès, mais heureusement que les dériveurs étaient devant car les bancs s'étaient déplacés vers l'Est par rapport à la cartographie.
Nous devons aller trouver la ligne de sonde des 50m afin de bénéficier du courant portant d"environ 2 noeuds qui porte vers le nord et longe les côtes du Brésil, Guyanne et Venezuela.
Contrairement aux fichiers météo qui prévoyait un vent de 12 à 15 noeuds, nous n'avons pas de vent et faisons beaucoup de moteur. Les grains sont au rendez-vous nous sommes dans la ZIC.
Le deuxième jour nous mettons enfin les cannes à l'eau. Cela faisait longtemps maintenant ! Les hameçons ont presque rouillés! Nous pêchons rapidement un beau poisson dont nous ne connaissons pas le nom.
Nous passons pour la deuxième fois l'équateur mais cette fois nous sommes un peu pris au dépourvu alors pas de déguisement.
Le manque de vent nous fait consommer beaucoup de gasoil et même si nous avons pris des bidons supplémentaires nous pensons que si le vent ne se lève pas nous aurons du mal à arriver sur Trinidad. Nous prenons alors la décision de nous arrêter une nuit à Kourou en Guyanne Française ( 550 miles d'Afua).
Le catamaran Chamalou avec qui nous naviguons nous dépannera même d'un bidon de gasoil au cas où on n'en aurait pas assez . Nous lançons un bout afin d'attacher le bidon et le récupérons sans problème. L'opération est rapide et réussie.

Après trois jours et demi de navigation nous arrivons à Kourou et apercevons rapidement la fusée Ariane. Nous n'aurons malheureusement pas le temps d'aller visiter la station de lancement car le timing est serré.
Le temps d'aller faire du gasoil, quelques courses de produits français et une bonne nuit de sommeil avant les 680 miles qui nous séparent de Trinidad.
Nous ne verrons pas grand chose de Kourou mais l'étape était sympa, un dernier au revoir à nos amis Chamalou puis un dernier contact VHF avec les autres participants du rallye qui viennent d'arriver et mouillent devant les îles du Salut et c'est le départ pour Trinidad le 23 avril à 11h du matin.
Si nous n'avons pas eu de vent entre Afua et Kourou, ce n'est pas le cas maintenant. Dès la sortie du chenal de Kourou nous touchons un vent de sud est de 15 noeuds et bénéficions d'un courant porteur de 2.5 noeuds.Nous ferons 210 miles les 24 premières heures mais le deuxième jour le courant n'est plus si fort, nos moyennes avoisinent tout de même les 200 miles.En revanche la nav n'est pas très confortable étant donné que nous sommes au travers et en plus nous avions pris des mauvaises habitudes sur l'Amazone.
Après avoir croisé de nombreuses plateformes pérolières dont certaines n'étaient pas signalées sur notre carte, nous arrivons sur Trinidad à 1h du matin mais la pleine lune est avec nous.

Nous mouillons dans "Scotlandbay" contents d'être arrivés. Grâce au courant porteur et aux bonnes moyennes journalières nous aurons mis 3 jours et demi pour couvrir 680 miles.
Le mouillage est tranquille, de nombreux canards et pélicans entourent le bateau.

L
Nous irons deux nuits à la marina Crews Inn afin de désarmer le bateau et faire toutes les lessives puis il sera temps d'amener le bateau chez "Peake Yacht Services" afin de sortir Maupiti dont la sortie est prévue le 29 avril 0 8h du matin.
Voilà le voyage est terminé pour cette année. Nous avons vécu durant ces sept mois une aventure extraordinaire. Nous n'aurions pas pu vivre l'aventure Amazone si nous étions partis en solitaire et nous avons fait de nombreuses connaissances que nous n'oublierons pas.
Il est temps maintenant d'aller travailler, Maupiti se reposera à l'abri de la zone des cyclones jusqu'au 1er décembre prochain. Nous envisageons de naviguer dans l'Arc Antillais pour les deux prochaines saison.

dimanche 18 avril 2010

25) DEPART BELEM 6 mars 2010 DEBUT DE L'AVENTURE AMAZONE




Notre itineraire sera le suivant :




L’Amazonie reste l’un des derniers espaces sauvages de notre planète. C’est le plus grand bassin fluvial du monde, il couvre 7 à 8 millions de km2 sur 9 pays : Brésil, Pérou, Equateur, Colombie, Venezuela, Surinam, Guyana, Guyane française et Bolivie. Il constitue le plus grand écosystème de toute la biosphère, plus grande réserve d’oxygène de la planète. L’Amazonie est avant tout un complexe géographique grandiose formé par la forêt et le bassin Amazonas. A peu près 80% de cette surface sont couverts de forêt tropicale dont 60% rien qu’au Brésil. Environ 20 millions de personnes vivraient en Amazonie brésilienne. A elle seule, l’Amazonie renouvelle au moins 20% de l’oxygène de la Terre.



Le fleuve Amazone déverse dans l’Atlantique en un seul jour, l’équivalent de ce que la Tamise déverse dans la mer du Nord en une année. En moins de 28 secondes il peut fournir un litre d’eau à chaque habitant de la planète. Premier fleuve du monde par son débit (100 000 à 220 000 m3 par seconde), sa longueur totale est sujet à controverse. Si on le considère depuis sa source, dans les Andes péruviennes, en incluant les affluents Maranon et Solimoes, il atteint 6868 km de long. D’une largeur moyenne de 4 à 5 km, sa profondeur moyenne varie de 40 à 50m.

Le bassin amazonien constitue, à lui seul, un cinquième des réserves d’eau douce du globe.

A partir de Bélem nous sommes escortés par un bateau local le « San Juan » où seront logés les organisateurs du Rallye : Patrick, Jacqueline et Nicolas, ainsi que la police brésilienne et les bombéros (pompiers brésiliens) avec leur « lancha » (bateau rapide d’intervention des pompiers).



Nous effectuons des navigations de 7h en moyenne par jour et arrivons sur un mouillage soit forain soit devant une ville ou communauté chaque fin d’après-midi.

Il y aura quelquefois des arrêts d’un, deux ou trois jours sur certains mouillages et enfin une semaine à Alter do Chao où nous arriverons le 31 mars.

Jusque cette étape nous naviguerons à contre courant et entamerons ensuite la descente vers Afua, qui sera pour nous la porte de sortie de l’Amazone.

Dès notre départ de Bélem les paysages sont magnifiques et sauvages. La nature est exubérante et la couleur marron de l’eau prend des teintes différentes selon la position du soleil.




Nous dégustons ces moments confortablement installés dans nos hamacs. Maupiti fait partie des plus petits bateaux du rallye mais grâce à la configuration de notre cockpit et l’astucieuse installation de notre capitaine nous bénéficions d’un confort absolu pour cette remontée de l’Amazone au moteur.[Photo]Nous avons une vue panoramique et pouvons éviter facilement les branches et troncs d’arbres que nous rencontrons.





- La remontée de l’Amazone c’est : la navigation à travers des « furos », petits cours d’eau reliant les lacs aux « igapos », forêt dense inondée avec ses arbres à demi-submergés.
Ceux-ci sont souvent peu profonds et les bateaux doivent suivre le « San Juan » en file indienne dans un ordre décroissant de tirants d’eau. Les autres jours la file indienne se forme dans un ordre quelconque.



Nous passons tout près des habitations et nous pouvons très bien voir l’intérieur de celles-ci. Il n’y a que le strict nécessaire c'est-à-dire : une cuisinière à bois, des hamacs en guise de lit et depuis peu certainement la télévision avec parabole.
Certes cela occupe les longues journées de la saison des pluies car les animations sont rares. Nous sentons bien lors de notre passage que le convoi de voiliers du rallye est attendu. Les familles entières sont sur le pas de leur porte à nous saluer. Mais que doivent-ils penser de notre monde occidental que certains ne connaîtront peut-être jamais ?









- la remontée de l’Amazone c’est : la rencontre, à l’approche d’une ville ou d’une communauté avec de nombreuses pirogues généralement remplies d’enfants venant nous accueillir et dans l’attente de quelques dons de biscuits, bonbons, stylos, crayons, vêtements etc…

Chacun donne ce qu’il peut.
Ceux sont souvent de très jeunes enfants et ils dirigent leur pirogue avec une facilité déconcertante. Leur grand jeu est de réussir à s’accrocher à l’arrière des voiliers afin de remonter le courant. Ils font cela avec beaucoup d’agilité et de rapidité et cela les fait bien rire.





- la remontée de l’Amazone c’est : la communication et l’échange avec un autre peuple, une autre langue, une autre culture.Les gens sont d’une extrème gentillesse et partout nous nous sentons attendus.
A Boa Vista des collégiennes viennent directement sur Alexy pour prendre des photos avec leur portables ! Eh oui le portable est même ici !!! En revanche il faut commencer à oublier internet. Alexy se demande ce qui lui arrive mais se prête au jeu.


Tous les enfants sont scolarisés mais le manque de professeurs et de classe fait que les plus jeunes enfants vont en classe le matin puis ceux sont les moyens et enfin les plus âgés en début de soirée.

De jeunes garçons nous réclament un ballon, nous en avons un de foot à bord et leur promettons de leur apporter l’après-midi. Voilà une belle partie de foot en perspective. Deux jeunes garçons qui nous suivent depuis notre arrivée veulent nous amener chez eux pour nous montrer les peintures et sculptures de leur père. Nous nous y rendons et faisons connaissance avec toute la famille. Nous leur achetons une toile et les jeunes garçons tiennent à remercier Alexy pour le ballon de foot et lui offre un bateau construit par leur père.



- la remontée de l’Amazone c’est : les promenades en annexe après la journée de navigation dans les
 « igarapés », multiples bras ou sous affluents du fleuve, à la découverte des habitations sur pilotis, de la faune et de la flore.

Nous verrons de nombreux oiseaux dont nous ne connaissons pas tous les noms : des toucans, de nombreuses aigrettes, des envols de perroquets et de nombreuses héliconies etc…

- la remontée de l’Amazone c’est la découverte de la forêt primaire et secondaire avec les explications d’un guide qui nous apprendra les diverses vertus médicinales de la plupart des arbres. Nous y goûterons de nombreux fruits : le cupuaçu de la même famille que le cacao, ses graines servent à confectionner du chocolat blanc, la graviola, la pupunha, l’acerola au taux de vitamine C très élevé avec lequel on fait d’excellents jus de fruits, la castanha do Para etc…
- le Brésil est le paradis des fruits tropicaux et l’Amazonie son grand jardin où poussent des fruits délicieux, injustement méconnus y compris des brésiliens.


La remontée de l’Amazone c’est : goûter les nombreux poisson dont le plus connu est le « pirarucu ».





- la remontée de l’Amazone c’est : la possibilité de trouver un paresseux sur son mât, mais oui vous avez bien lu : UN PARESSEUX ! L’équipage du bateau a eu un réveil assez irréaliste en découvrant le passager clandestin qui était monté à bord vers les 5h du matin sur le mouillage d’Alter do Chao.



- La remontée de l’Amazone c’est : la possibilité de trouver un arbre enroulé sur sa chaîne et empêchant l’ancre de remonter comme cela nous est arrivé sur le mouillage de Serraria.
- La remontée de l’Amazone c’est : la possibilité d’avoir son voilier entouré de « mororés », îles flottantes et dérivantes s’accrochant à l’étrave du bateau lorsque nous sommes au mouillage. On a alors l’impression d’être dans son jardin.
- La remontée de l’Amazone c’est : une sortie nocturne en pirogue dans l’espoir de voir des jacarés (crocodiles). Nous traverserons durant près de trois heures les igarapés où la végétation se resserre dans le silence d’une nuit de pleine lune tantôt au moteur tantôt à la rame et aurons la chance de voir notre premier jacaré. Soirée inoubliable.
- La remontée de l’Amazone c’est la possibilité pour Alexy de passer deux jours sur le « San Juan » et de participer aux interventions des bombéros sur la flotte : remorquage d’un bateau ayant un problème moteur, fausse alerte pour les bombéros qui se préparent à plonger pour dégager une hélice de branchages … Il réalise la chance qui lui est offerte de vivre cette expérience unique et la déguste.





- La remontée de l’Amazone c’est : faire connaissance avec une communauté, comprendre son fonctionnement et l’aider par des dons de gasoil collectifs afin produire de l’énergie durant quelques mois supplémentaires. La communauté de Novo Horizonte qui nous a accueillit compte 245 habitants dont 90 enfants de moins de 15 ans.

- La remontée de l’Amazone c’est un mouillage forain dans un furo où dans le silence de la nuit on peut entendre les croassements des batraciens, les cris des singes hurleurs et admirer un ciel étoilé.

- La remontée de l’Amazone c’est réussir à récupérer un maximum d’eau lors des grains, avec nos bâches plus ou moins efficaces, pour remplir nos réservoirs.



- La remontée de l’Amazone c’est la possibilité d’avoir une invasion de petites sauterelles sur le pont ou l’attaque de moustiques sur certains mouillages proches de la végétation mais Maupiti sort alors son arme absolue : la fameuse moustiquaire de notre ami Ayoun de Dakar.


- la remontée de l’Amazone c’est : la surprise de découvrir des villes comme Breves (80 000 habitants) ou Almérim , où nous avons plus été pris en photo que nous n’en n’avons pris nous-mêmes. C’est la surprise de découvrir des plages de sable comme à Porto do Moz ou Alter do Chao, véritable station balnéaire.





- La remontée de l’Amazone c’est : partir trois jours avec un bateau local vers la forêt des Tapajos organisé par l’agence : Amazone Star.


- Nous passerons 3 jours inoubliables : nuits dans les hamacs, repas gargantuesques. Nous avons été cocooné par l’équipage du Cuicuera



- Nous effectuons d’abord la visite du village qui se trouve dans la réserve Extrativiste Tapajoara, un territoire où la faune et la flore sont protégées et dont les habitants vivent des ressources extraites de la forêt. Nous découvrirons la vie quotidienne des cabocles avec préparation de la farine de manioc, base de toute alimentation locale, puis descente en pirogue d’une petite rivière avec observation de la faune et la flore.



- Nous naviguerons vers le lac Maraio près de Bragança, village des indiens Mundurukus. Leurs descendants, soucieux de préserver et de faire connaître leurs traditions, ont réinvesti les lieux et reçoivent de petits groupes de visiteurs (avec un maximum de 100 personnes par année) dans le cadre de programmes d’écotourisme.
- Nous assisterons à la présentation du rituel des indiens et de leur artisanat.


Nous naviguerons ensuite vers la communauté de Maguari installée sur le rivage de la Forêt Nationale du Tapajos et visite de la fabrique de latex (caoutchouc obtenu à partir de la sève des hévéas) et de ces produits.



Le lendemain nous partirons pour une marche de 6h30 dans la forêt primaire en compagnie de guides natifs de la communauté de Maguari à la recherche des arbres géants et découverte de la faune et de la flore locale.


- Ces trois jours ont été une aventure extraordinaire, Alexy n’en revient toujours pas !
Notre séjour à Alter do Chao se terminera par un très beau spectacle de danses .

Nous partons maintenant d'Alter do Chao et commençons la descente de l'Amazone vers Santarem puis Afua.
Afua qui sera pour nous la porte de sortie de l'Amazone , est une charmante petite ville très différente de celles visitées jusqu'à présent sur l'Amazone.
Toutes les maisons sont très colorées et il n'y a aucune voiture . Les habitants circulent tous à vélo. Mais il y en a vraiment beaucoup. Nous avons l'impression que personne ne circule à pied, tout le monde est à vélo.
La vie y paraît tranquille, la musique est omniprésente dans les rues, c'est vraiment très agréable de s'y promener.
 

L'aventure arrive à sa fin et c'est vraiment sympa de terminer sur Afua, la soirée d'adieu est émouvante et bientôt la grande famille que nous avons formé durant ces 7 mois va se disperser. 
Personne n'avait imaginé que le moment de la séparation aurait été si dur.

La plupart des bateaux partent vers Kourou ou Cayenne en Guyanne Française mais nous devons partir rapidement vers Trinidad afin de mettre le bateau au sec car il est temps de se remettre au travail en France.







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